Tout ce qui dévore la chair, Alexandre Aja, il est fan. Ca tombe bien, nous aussi! Les piranhas, la famille de cannibale cèdent leur place à un alligator profitant d’un ouragan pour se faire la malle et voir du pays par de là son enclos dans un zoo. Produit par Sam Raimi, Crawl nous emmène en terrain connu mais pas tout à fait. Retenez bien votre respiration, nagez aussi vite que vous le pouvez, nous allons au sous-sol d’une ancienne maison familiale sauver la vie d’un père de famille menacé par un alligator.
Fiche Technique
Réalisé par Alexandre Aja
Genre : Epouvante, Horreur, Drame
Film Américain
Durée : 1h27 environ
Interdit aux moins de 12 ans
C’est l’histoire d’une fille, de son papa, d’un chien, d’une baraque et d’un croco…
Depuis son remake de « La colline a des yeux », film pour le moins surprenant en élevant un personnage insipide depuis le début de l’intrigue au rang de « super héros malgré lui » dans un dernier quart d’heure jubilatoire, Alexandre Aja fait parti des réalisateurs que j’affectionne tout particulièrement et dont j’attend avec une hâte immense la sortie d’un nouveau film. Hélas l’année dernière, pour la première fois, je ratais sa dernière pépite. Merci la sortie bluray, rattrapons cette grosse boulette et regardons « Crawl ».
Gravity, Seul sur Mars, Instinct de survie, Everest, à chaque catastrophe, des fois de temps en temps, comble de chance, le héros/ou héroïne choisi possède les aptitudes nécessaires pour s’en sortir. Heureusement que l’héroïne de Crawl est une passionnée de natation depuis son plus jeune âge ! Imaginez si nous avions suivis les péripéties d’une jeune femme atteinte d’aquaphobie ?!
Enfant, Haley Keller, enchainait les compétitions de natation. Au fil des années, cette nageuse toujours soutenue par son père la forçant continuellement à ne pas lâcher et continuer de se surpasser a perdue à chaque fois. Puis à cause d’un drame familial, le coup du sort a voulu qu’elle et son père ne se parlent plus. Livré à elle-même, un poids émotionnel c’est attaché à ses chevilles. Après une énième compétition loupée, Haley apprend qu’un ouragan de catégorie 5 c’est abattu sur sa ville natale. Par le plus grand des hasards, son père a disparu. Tout porte à croire qu’il est retourné dans l’ancienne maison familiale, incapable de dire adieu au passé. Alors que la ville est évacuée à cause des inondations et qu’il n’y a donc plus âme qui y vive, Haley part à la recherche de son paternel et le retrouve en bien mauvais état parmi les fondations du sous-sol. Comble de malchance, il n’est pas seul. Prenez votre courage à deux mains, dépassez-vous et accompagnez une fille et son père pour une épreuve humaine qui les aidera à se reconstruire.
-Ne leur montre pas que tu es triste, tu les battras la prochaine fois. Parce que tu es quoi? Hein? Tu es quoi?
-Le super prédateur.
-Oui, c’est ce que tu es, le super prédateur, tout le temps.
Schwarzy en aurait fait un sac à main mais pas de chance, il est occupé ailleurs
N’allez pas croire que l’expérience que vivront Haley et son père sera une partie de plaisir. La fille et le père vont en baver, vous allez stresser pour eux, pleurer pour eux, retrouver un semblant d’espoir avec eux. En plein ouragan, coincé dans votre maison d’enfance squattée par un alligator, personne ne vous entendra crier. Nouvelle réussite pour Alexandre Aja. Le réalisateur retourne au film d’horreur pur, classique de chez classique. Quoique… . Fait pour le moins rare pour ce genre de série B mettant en scène un alligator, Crawl joue sur plusieurs terrains : drame familial, huis clos horrifique, home-invasion et film catastrophe. De quoi en prendre plein les mirettes et transpirer à grosses gouttes pendant 1h30.
En à peine 10minutes, Aja trouve les scènes et mots qu’il nous fallait pour nous qu’Haley, son père et leur chien Sugar élisent domicile dans notre cœur. En parlant de Sugar, ayant développé au fil des années une forte sensibilité envers la gente canine, j’avais un peu la pétoche qu’il arrive malheur au chien. Nous savons tous et toutes qu’un chien dans un film avec de vilaines bestioles ou dans un film catastrophe ça finit rarement en happy end. S’en sortira, s’en sortira pas ? Aja va en jouer jusqu’à la fin. Petit sadique !
Dans Crawl, nous avons l’agréable sensation de plonger dans une œuvre de Roland Emmerich tout en la mixant avec les émotions humaines et de l’horreur pure made in Aja. Alexandre Aja, il s’y connait en tension et monstres. Cette fois, pas de nanas en bikinis ou seins à l’air, pas d’humour noir. Bien souvent, même TROP souvent, ce genre de film de crocos rime avec nanar. Ca ne sera pas le cas de Crawl.

Dès l’intrigue et les personnages installés, on ne peut s’empêcher de se dire qu’il sera prévisible avant de se raviser. Se voulant réaliste contrairement à ses homologues, cette œuvre joue sur une tension continuelle où tout peu arriver. Un bras, une jambe croquée, une noyade, une blessure mortelle causée par un élément du décor lié à cet ouragan sévissant à l’extérieur de la maison, seul Alexandre Aja sait comment son film se terminera.
Ingénieux, il prouve que son film va au-delà des films du genre en soignant ses scènes catastrophes, jouant habillement sur la mise en scène, poussant ses personnages à dépasser leurs peurs et leurs faiblesses physiques pour s’en sortir en devant se confronter à une grosse bestiole capable de leur arracher un bras en un seul coup de mâchoire. Grondement, bruits de pattes, puissance, résistance, mouvements, violence en cas de prise, notre alligator pourtant réalisé en image de synthèse (juste deux/trois plans en animatronique) instaure un climat de tension où l’on finit par devenir de nouveau parano. Des petits airs avec « Instinct de survie »? Oui. L’attaque peut surgir n’importe quand, n’importe où et peut venir d’autre chose que du gros reptile.
Dans moins d’une heure, on sera totalement sous l’eau.
Et après on va mettre ça sur le dos du Jumanji
Grace au climat angoissant et du jeu de caméra, les effets de surprises et scènes de survie les plus folles s’enchainent sans verser dans le ridicule (« La scène de la salle de bain », aussi choquante que culte). L’alligator est très présent, le suspense monte continuellement grâce à cette catastrophe naturelle imprévisible en rajoutant une couche, rétrécissant de plus en plus le terrain avant de nous emmener brièvement dehors.
A part être un poil gentillet question scènes sanglantes lui valant d’être un poil inférieur aux autres films d’Aja, je n’ai rien à reprocher à Crawl. Membres arrachés, éventrés, il y a de la scène choquante, ça reste gore mais moins gore que « La colline a des yeux ». Là où surpasse toutes les autres œuvres du réalisateur, c’est bien sur le caractère humain. L’histoire bien amené, bien développée entre Haley et son père parlera peut êtres plus aux spectateurs ayant ou traversant la même épreuve. Menace d’alligator, sauvetage du paternel, vous l’aurez deviné, cette épreuve est liée à cette série d’échecs continuels en natation. Cet élément émotionnel clé sera là pour détruire cette forteresse mentale qu’Haley s’est construite pour se préserver.

Encore une héroïne qui n’en fait pas des tonnes, qu’on veut voir s’en sortir et qu’on soutiendra du début à la fin. D’une part parce que son personnage est bien développé, d’une autre parce qu’il est joué par Kaya Scodelario qui avait volée la vedette à tout le cast masculin de la saga « Le labyrinthe », qui continue de se surpasser, charismatique, parfaite pour le rôle encore une fois physique. Une vraie battante, portrait craché de son père interprété par Barry Pepper écopant enfin d’un rôle mettant plus en valeur son talent de comédien après de multiples rôles secondaires.
Sans réinventer le genre, il l’embelli. Aja oblige, quelques moments jubilatoires de vengeance seront de la partie. Crawl est donc du pur survival réaliste, soigné et émouvant avec un père et une fille renouant, se ressoudant « grâce » aux circonstances. Nous n’oublions pas que les humains peuvent avoir des réactions improbables et stupides. Seulement, alligator+inondation+ouragan+blessure+peur= maladresses logiques. Heureusement pour vous, ça restera plus soft que ce qu’on a pu voir dans le passé.
On est peut être têtu, mais on baissera jamais les bras.
Au final, vous voulez gouter à du survival horror mixé avec du film catastrophe de qualité et du drama familial ? Ne cherchez pas, Crawl est fait pour vous. Déjà culte.